Le graphisme des billets de banque fait partie du chantier des signes identitaires de l’Accord de Nouméa, au même titre que l’hymne, la devise et le drapeau du pays mais le futur billet de 500 francs CFP suscite la polémique.
Le nouveau billet de banque de 500 francs a pour graphisme une plante qui n’est pas endémique à la Nouvelle-Calédonie. La seule fleur retenue est originaire d’Afrique du sud. Une espèce introduite au siècle dernier. Un choix botanique qui provoque bien des commentaires car le sujet des signes identitaires est très sensible.Les coupures, qui ont été présentées au public le 25 avril dernier, ne sont pas les versions définitives de ces nouveaux billets de banque. Ils devraient être mis en circulation fin 2013 après l’ accord de la Banque de France.Alors la petite fleur d’origine africaine sera t ’elle imprimée ou non ? Le débat est ouvert.
Voir le reportage d’Olivier Jonemann et de Philippe Kunztmann.
www.dailymotion.com/video/xqjtgy_les-plantes-endemiques-oubliees-des-billets-de-banque-du-pays_news&start=1
LES NOUVEAUX BILLETS DE BANQUE ? DÉSARCCORDÉ…
Décidément, il n’est pas simple de se doter de signes identitaires. Le nouveau graphisme des billets de banque que nous a livré l’Institut d’Emission d’Outre Mer en est l’illustration. Un graphisme de timbres poste, des « symboles » qui n’évoquent rien ni personne… C’est simple, si on avait voulu ne rien représenter on n’aurait pas fait mieux. Aux hommes et femmes qui ont fait le pays on préfère un bâtiment portant cependant le nom d’un homme. À nos modes de vie, à nos diversités ethniques, on oppose des poissons d’aquarium et l’omniprésent nautile. Décidément…
Dans un fourre - tout on nous assène cases, flèches faîtières, chambranles, plats à kawa, tapas, siapos, falés, oiseaux plus ou moins en voie de disparition, comme si un tel méli mélo pouvait symboliser qui ou quoi que ce soit. Si la nonchalance voire le « je m’en foutisme » avaient pu être dessinés, on l’aurait fait. À la grande aventure industrielle et minière calédonienne, à la mise en valeur du pays par les Calédoniens de toutes origines, on préfère une fleur
« paradisiaque » pas même endémique et le tour est joué. A croire que reconnaître le travail plus ou moins voulu des bâtisseurs de ce pays devient un pan d’histoire à effacer des mémoires.
Avec de tels graphismes on peut certes se situer (vaguement) mais certainement pas se retrouver et encore moins se reconnaître : notre environnement est tropical, il y a le ciel, le soleil et la mer...
Les amateurs de chansons sentimentales des sixties apprécieront. Pour les autres ? L’identité kanak est prégnante, l’identité wallisienne et futunienne pesante ; quant à la notre, Calédoniens de vieille souche, sur nos billets, elle est tout simplement gommée.
Gênerions-nous ?
Ainsi, en Nouvelle Calédonie, la recherche de signes identitaires à laquelle la Fondation des pionniers a participé dans le Comité de pilotage aboutit, au final… à n’en trouver aucun. Ce n’est plus seulement le pays du non-dit, mais celui de la négation des hommes et des femmes dont il s’agissait justement de signifier l’identité.
Au fond, le graphisme des billets de banque n’aurait aucune importance s’il ne faisait partie des Accords qui portent notre avenir commun. Après un drapeau qui n’identifie qu’une partie de la population, on nous propose des billets sans mémoire, sans histoire, sans intérêt et définitivement (?) : sans nous. Ainsi, vous l’aurez compris, loin de me retrouver identifié dans le graphisme de
« nos » billets, je me sens plutôt banalisé, remisé, ignoré, nié… en un mot : désaccordé.
Il faut revoir la copie quand il est encore temps.
Jean-Louis Veyret
avec une pointe de piment
de Monique Foucrier,
première vice présidente.
P. S. : la présentation, par l’IEOM, des nouveaux billets de banque pour la Nouvelle–Calédonie, la Polynésie Française et Wallis et Futuna voudrait elle dire que la décision a été prise d’enterrer le passage à l’Euro dans ces trois
collectivités françaises du Pacifique ?